RDN Jeunesse 2024
Mardi 27 février, les Francas de la Sarthe ont organisé la Rencontre Départementale du Numérique pour la…
La République de Guinée est un pays d’Afrique de l’Ouest, situé entre le Sénégal et le Sierra Léone. La population de plus de 11 millions est composée à 70% de jeunes de moins de 35 ans ; les enjeux éducatifs sont déterminants pour le développement du Pays. Les Francas des Pays de la Loire accompagnent depuis 2007 la société civile par ses associations ainsi que le Ministère de la Jeunesse dans la structuration de l’animation socioéducative par plusieurs actions.
Sollicités en 2007 par les associations de jeunesse guinéenne réunies au sein du RAJ-Gui (Réseau Afrique-Jeunesse de Guinée), les Francas ont apporté leur expertise lors de séminaires d’échanges entre les membres du réseau, des formateurs Francas aguerris et les responsables du Ministère de la Jeunesse et de l’emploi des jeunes de Guinée. Des échanges se sont organisés entre les deux pays amis avec la venue en France de plusieurs jeunes guinéens qui ont découvert l’ensemble des formations aux métiers de l’animation. Après avoir participé activement à des stages de formations BAFA, certains d’entre eux ont poursuivi leurs parcours en s’impliquant avec réussite en formation DEJEPS. Forts de ses acquis, ces pionniers, de retour au pays ont travaillé sur la mise en place d’un programme de formation.
Alpha Diallo, médecin, coordinateur du RAJ-GUI, nous explique lors de sa récente venue en France : « nous n’avons pas voulu faire une transcription des formations et des réalités françaises en Guinée, mais nous avons souhaité adapter la méthodologie aux réalités guinéennes et aux besoins du pays. Ainsi nous avons construit un projet de formation et de réglementation de l’animation socioéducative », qui a été lancé en 2012 par le Ministère de la jeunesse et de l’emploi des jeunes pour construire dans une démarche d’éducation populaire avec la jeunesse guinéenne, des idéaux et des valeurs de paix, de démocratie, de citoyenneté.
Nous avons formé 21 stagiaires qui eux-mêmes ont dupliqué la formation. Désormais sur l’ensemble des 14 préfectures de Guinée, 860 animateurs ont été formés
Inexistante il y a encore quelques années, l’animation socioéducative et la notion d’éducation populaire commencent à devenir une réalité dans toutes les régions de la Guinée. Alpha Diallo précise étape par étape la construction du projet : « 21 stagiaires pour la première formation au CAFA (Certificat d’aptitude aux fonctions d’animateurs) ont été recruté avec une volonté de mixité entre des cadres associatifs et des cadres de l’état guinéen ». Des formateurs français sont venus appuyer leurs collègues guinéens dans une démarche de co-animation et de co-éducation sur les premières formations. « Nous avons formé 21 stagiaires qui eux-mêmes ont dupliqué la formation. Désormais sur l’ensemble des 14 préfectures de Guinée, 860 animateurs ont été formés », soit plus que l’objectif initialement prévu insiste Alpha Diallo. Cela s’est traduit par la mise en place d’un répertoire de chants guinéens, le développement de jeux et des actions de prévention contre la propagation du virus Ebola, qui a durement touché la Guinée à l’hiver 2015.
En parallèle de cette dynamique, les partenaires ont travaillé ensemble sur les contenus des formations mais aussi sur le cadre de la réglementation ; ce sont impliqués ainsi le Ministère de la jeunesse, le Ministère de l’éducation de Guinée aux côtés d’acteurs associatifs locaux. Depuis, la mise en place d’une législation s’effectue progressivement : plusieurs textes de loi ont été votés et d’autres sont en cours d’instruction afin de règlementer l’animation socioéducative, les maisons des jeunes et de reconnaître le CAFA comme l’a constaté la délégation Francas participante au comité de pilotage le 25 juin à Conakry. Elle est ensuite partie à la rencontre des équipes d’animateurs pour percevoir les réalités et les enjeux de terrain. Parmi eux, François Suaud, chargé de mission, actions internationales et événementiels à l’ACCOORD, évoque « une jeunesse guinéenne qui fait preuve d’une réelle mobilisation avec l’envie d’agir pour la communauté. Tous ont exprimé leur satisfaction de la formation et des compétences acquises, ainsi que leur frustration liée au fait que cette activité ne soit pas rémunérée, et leurs fortes attentes à l’égard des pouvoirs publics de mettre les moyens structurants et économiques sur le terrain ».
Les 860 animateurs formés vont conduire d’autres formations sur le territoire
L’animation socioéducative est désormais en marche en Guinée dans une logique d’éducation populaire. Les 860 animateurs formés vont conduire d’autres formations sur le territoire, mais, conclut François Suaud : « la route est longue et la procédure, très centralisée, laisse trop peu de place à la société civile pour qu’elle s’investisse et accompagne la vie locale dans une démarche d’éducation populaire ».